Après le cessez-le-feu

Par Michel Salin
Après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, la Compagnie a rejoint Merdj ou Amar (Secteur de Oued Amizour) ensuite Poisat (près de Bougie) et enfin la ferme Tamzali. C’est alors que j’ai été incorporé - ainsi que le capitaine Martin et une dizaine de sergents.

La compagnie de était composée d’environ 200 FSNA venant des différentes unités du 57ème RI. Nous devions les ’encadrer’. Le capitaine Martin avait comme adjoint un lieutenant Matoub venant de la 1ère Compagnie.

C’était la vie de caserne : rassemblement et rapport le matin, maniement des armes, revues de casernement, etc.… (Comme au début de nos classes !). Au bout d’une semaine, les Algériens se sont rebellés : refus de se présenter à l’appel, de venir au rapport, de participer aux corvées… Belle pagaille, en plus des fortes tensions entre eux (pro-FLN et autres tendances) : règlements de comptes, bagarres, etc. Nous, les sergents ‘appelés’, nous étions en première ligne : faire face à l’agressivité des Algériens. Mais comment ?
Dès la fin des exercices, à 17 heures, nous rentrions dans nos chambres… et attendions le lendemain…
Cette première semaine a été très dure !

Cette façon de vivre ne pouvait durer ! Les autorités ont décidé de constituer des sections (à effectif réduit) ; ma section a été envoyée à Souk El Tenine, à l’entrée des gorges de Kerrata ( ! ), où nous sommes restés un mois, campant sous la tente. C’est plus facile de gérer la vie de caserne à 50 qu’à 200 !

A la mi-mai, notre section a été envoyée en plein bled, dans un poste du genre de celui de Madkoura, à environ une heure de route du village le plus proche.

Nous étions 5 ou 6 Français ; nous avions comme chef de Section un jeune Algérien, quelqu’un d’instruit et très correct à notre égard.
Nous, nous ne sortions gère de nos chambres (presque comme des prisonniers). Il y avait encore des tensions entre les Algériens, mais nous, nous n’étions plus agressés. Je pense en particuliers aux FSNA (ceux qui avaient été incorporés dans l’armée française) : ils étaient très inquiets quant à leur avenir ! Et ils avaient raison d’être inquiets !

C’est là, par une belle journée au soleil resplendissant, le cœur en joie que j’ai eu la quille ! Comme une libération... Retour à Bougie: j’y ai retrouvé beaucoup de mes collègues « de la classe »…
Ensuite Alger, et retour en France le 1er juillet 1962.