Vie à Iffouralène

Le quotidien à Iffouralène.

Il y a des moments difficiles à vivre. Mais la vie continue. Le quotidien reprend son cours : patrouilles, gardes, services … Quelques jours après l’embuscade, je prends le commandement de la harka, tout en étant adjoint du commandant de Compagnie… Le chef DAULT est nommé à Madkoura, le Chef BRIAND à Iffouralène.

Avec la harka.
Je suis chef de Harka…Avec les harkis, il faut être tous les jours sur le terrain : reconnaissance, observation, protection, mise en place d’embuscade… Beaucoup de crapahut, de jour comme de nuit, avec ces supplétifs, ces kabyles habitués au climat et au terrain très accidenté!… 
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 Je suis leur chef, et aussi un marabout: les harkis savaient que j’étais ‘séminariste(je suis 'religieux'), donc marabout : cela m’a valu quelques bonnes conversations ou des confidences avec quelques uns !). J’ai apprécié ces hommes : leur courage, leur sang froid, leur fidélité.
Je me souviens de ces hommes !
Ali le plus jeune.
Ziane le plus vieux dont plusieurs membres de sa famille ont été assassinés.
Le Chef Mézoud qui - ne pouvant plus marcher à cause d’anciennes blessures reste au poste.
Chacal, ainsi appelé à cause de son acuité visuelle de jour comme de nuit …

Je me souviens de l’accueil de villageois pour boire le thé ou le caoua à l’entrée d’une mechta…Ces mêmes villageois accueillant sans nul doute les fells sur les mêmes lieux à d’autres heures !…Ce n’est pas facile pour les civils, souvent pris entre deux camps !...
Accueil dans la famille du Sergent KAHLI, mon adjoint à la harka: il désirait partir en France avec tous les siens, mais finalement il a décidé de rester dans son pays !
    Lui et les autres !  Que sont-ils devenus ?

Au poste.
Une bonne ambiance règne au mess. Il y a des personnes qui sortent de l’ordinaire !
Le sergent-major, ancien d’Indochine, nous chante quelques belles romances…
Les Responsables de la S.A.S. (Section Administrative Spécialisée, dirigée par des militaires, mais de tutelle différente. Elle assure un service social : enseignement, soins médicaux, aides diverses…) viennent souvent pour l’apéro : cela m’a permis de mieux connaître les questions économiques et humaines de ce secteur, même s’il fallait être patient pour écouter celui que nous appelions le Lieutenant Castagnettes ! Il bégayait tellement !
Le Sergent-fourrier, un appelé, instituteur dans le civil - très laïc et se disant athée : nous avons eu de bonnes discussions par de belles nuits étoilées !                    
Sans oublier la visite de quelques personnages typiques : 
Ben Ali, épicier et transporteur.
Un autre - ancien soldat de l’armée française - nous racontant ses campagnes, son séjour à Paris avec son Tour Siffel… Un personnage haut en couleurs et en paroles !..
Le Capitaine LABAT, très affecté par la tragique embuscade de Bounekache (Le bruit a couru que le F.L.N. avait monté cette embuscade contre lui !  Vrai ou pas vrai ? ), n’est plus le même homme ! Je me souviens des soirées que nous avons passées ensemble au mess, se terminant fort tard dans la nuit ! Il avait besoin de parler… Il a été muté peu après l'embuscade de Bounekache.
Le Capitaine  MARTIN,  son successeur,  jeune  et  dynamique, acquiert d’emblée la sympathie des soldats et des gradés. Il vient volontiers avec nous sur le terrain.