Annexe - Incroyable ! Cherchez ! Anciens d'AFN ...

Recherche du Sergent X
Voulant avoir des précisions sur l'embuscade de Bounekache, j’ai écrit successivement à divers services. (Après mon service – sans doute pour oublier - j’ai détruit les notes que j’avais prises durant cette guerre d’Algérie). Je veux connaître en particulier la date exacte de cette embuscade et retrouver le nom du Sergent X à qui je dois d’être vivant !
En 2012, année du cinquantenaire du cessez-le-feu, j'ai repris les recherches avec plus de ténacité.
 La lettre du Général Olivier Paulus, chef du Service Historique de la Défense (SHD), datée du 21 août, m'a surpris: 'pour la période demandée... aucune embuscade'.
Le 27 août 2012 j'ai répondu au Général et envoyé
  l'article 'Incroyable' au journal l'Ancien d'Algérie.
       (Publié dans le n° 510, octobre 2012,page 6)
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Incroyable !
(Extrait de l'article publié dans le journal)
Voici la réponse que je viens de recevoir du Ministère de la Défense, en date du 21 août 2012.
« En réponse à vote courrier du 23 avril 2012, j’ai l’honneur de vous faire savoir que l’exploitation des journaux des marches et opérations du 57ème régiment d’infanterie (cote GR 7U 139) pour la période demandée ne fait état d’aucune embuscade.
Je vous prie de croire, Monsieur, en l’expression de mes sentiments les plus courtois »
(Signature). Le général Olivier PAULUS chef du Service historique de la Défense.
 N.B. Lire en fin de page, 'supplément'; la réponse que j'ai reçue le 24 juin 2013.
Cette réponse m’a choqué ! Indigné même ! Pas de traces de cette embuscade où le caporal Michel BRISSET a été sérieusement blessé ; Michel FORGERON – chauffeur du GMC, Jean-Claude BEILLIARD… ont été tués ; deux véhicules mis H.S. ; la quasi-totalité des armes prises par le FLN. Et moi qui devais être de ce convoi : probablement ‘au tapis’, avec peut-être la Légion d’Honneur à titre posthume et la mention ‘mort pour la France’. Et  50 ans plus tard apprendre du Service Historique de la Défense « ne fait état d’aucune embuscade.» Incroyable ! A se demander s’il n’y a pas du ‘négationnisme’ ; j’ose penser que non ! Sans doute une insuffisance de recherche ! Mais tout de même, un manque évident de sérieux. J’en suis indigné pour moi et pour tous les ‘appelés’ du contingent qui ont effectué leur service militaire en Algérie.

Je n’oublie pas – je n’oublierai jamais – cette embuscade de Bounekache et surtout le Sergent X à qui je dois d’être vivant ! Et dire que l’exploitation des journaux des marches et opérations du 57ème régiment d’infanterie… ne fait état d’aucune embuscade pour cette période. Pas croyable !
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Le 16 octobre 2012
j'ai contacté Michel BRISSET,
blessé lors de cette embuscade.
L'ordre du jour indique la date: 3 juillet 1961.
Suite à cet article, Marcel LEMOINE, blessé lors de l'embuscade, m'a téléphoné. Lire son témoignage à 'bounekache' et 'après bounekache'
Pas de doute: l'embuscade a eu lieu !


Sur le J.O. du 24 octobre 1961, page 9640, j'ai trouvé le Sergent Rémy RIDEAUD du 1/57 R.I. Je cherche son adresse, je lui téléphone. Ce n'est pas lui le Sergent X, mais il se souvient de son nom: GEORGES.
Nouvelle recherche... Le 2 février 2013, fête de la Chandeleur, je l'ai au bout du fil: maintenant, ce n'est plus Sergent X, mais Pierre GEORGES.
C'est grâce à lui que je suis vivant. (Lire la page 'bounekache')
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Cherchez et vous trouverez

Le Sergent X a quitté Iffouralène peu de temps après l'embuscade.
Au fil des ans, j’ai souhaité retrouver ce Sergent, mais je ne connaissais pas son nom. Pendant des années et des années j’ai cherché, cherché…!
(Souvent je me disais : c’est comme chercher une épingle dans une meule de foin !)
L’article INCROYABLE m’a valu des réponses : des ‘anciens’qui m’ont donné des informations complémentaires, la date exacte de cette embuscade, la liste des soldats tués, etc… On m’a proposé de rechercher dans le J.O (pas facile quand on vit dans l’Aveyron)… Un autre m’a donné l’adresse d’un site Internet pour consulter le J.O. (http://www.lexeek.com). J’ai feuilleté des pages et des pages…

Fin janvier 2013, au J.O. du 24 octobre 1961, page 9640 :
‘Rideaud (Rémy), sergent, 57ème régiment d’infanterie, 1er bataillon, mle 56.170.01271, au regroupement de Poitiers’.
Ça y est j’ai trouvé : je cherche sur internet adresse et téléphone. Mais ce n’est pas le sergent que je cherche. Par contre, Rideaud se souvient du nom du sergent X : GEORGES. Mais d’où est-il originaire ? Sans doute des Deux-Sèvres.

Beaucoup de coups de téléphone… Une information me permet d’orienter mes recherches, et la chance me sourit : je trouve enfin Pierre GEORGES, en Charente, le 2 février 2013, jour de la fête de la Chandeleur ! Long échange téléphonique…

Quelle joie pour moi, après tant d’années ! Je lui dois d’être vivant.

Souvent je me disais : c’est comme chercher une épingle dans une meule de foin !

Maintenant je peux dire : comme un aimant ou un détecteur de métal permet de trouver une épingle, internet m’a permis de retrouver le Sergent X, Pierre GEORGES.

        Cherchez, et vous trouverez.
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Mais j'ai failli ne pas trouver via le J.O.. En effet, ne sont portés au J.O.:

- que les noms des soldats tués en AFN
- à l’exception de ceux qui ont une citation avec ‘palme’, à l’ordre de l’armée, ce qui est le cas pour Rémy RIDEAUD
- pour des militaires ‘à l’ancienneté’…
- mais pas pour les soldats du contingent blessés lors des opérations !
       Ils touchent la retraite d’ancien combattant !
    C’est préférable à une citation à titre posthume !
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            Anciens d'AFN: quelle reconnaissance?
 Durant la guerre d’Algérie, nous avons beaucoup crapahuté, beaucoup marché (presque des sportifs !), participé à des ‘opérations’, risqué notre vie! 
Nous avons été témoins d’actes de courage, voire héroïques, pour sauver un camarde, des actes de ‘bravoure’ accomplis dans l’anonymat, actes restés sans récompense, sans reconnaissance officielle…
Les soldats tués ont reçu la croix de la Valeur Militaire à titre posthume; ils ont été ‘discrètement’ remis à la famille : pas de grande cérémonie !
Les soldats blessés ont été bien soignés : ils ont reçu la ‘Croix de la Valeur Militaire’.
Suite à de sérieux ‘accrochages’, d’autres ont également reçu la Croix de la V. M.
Après le service militaire : vie familiale, vie professionnelle. Nous n’avons guère parlé du vécu en Algérie, nous avons 'refoulé' nos douloureux souvenirs ! Pendant des années nous étions des ‘oubliés’ ou presque !
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Aucun de ces valeureux soldats – crapahuteur mais pas sportif de haut-niveau - n’est monté sur un podium pour recevoir une médaille. Il est vrai que nous étions des 'appelés' et non des militaires de carrière. Pourtant c'est avec 'sérieux' que nous avons assumé notre mission.
Aucun de ces valeureux soldats n’a été reçu à l’Élysée.
Anciens de la guerre d’Algérie, certains (hommes de troupe, sous-officiers) reçoivent  la Médaille Militaire, d’autres (officiers) reçoivent la Légion d’honneur. Notre génération (septuagénaire ou octogénaire) est touchée par de nombreux décès : les récipiendaires potentiels vont se faire rares !
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Nous étions en Algérie ‘pour le maintien de l’ordre’ ! Bien plus tard, on a reconnu que c’était la « Guerre d’Algérie » : 30 000 morts, 300 000 blessés ou malades, esprits troublés à jamais, des centaines de disparus !
En 2012 (loi du 9 décembre), le 19 mars est reconnu ‘journée nationale du souvenir et du recueillement des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et Maroc’.
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Des 'appelés' ont eu de lourdes responsabilités: combien de Sergents ont été chef de Section, chef de Poste, etc... et terminé leur Service Militaire sans 'merci'!
Sous-lieutenant en AFN, chef de Harka puis chef de Poste, je n’ai eu, Dieu merci, ni blessé ni tué. L’important, c’est la vie ! Nous étions des ‘appelés, responsables de la vie de jeunes comme nous, des éducateurs, des bâtisseurs, des soignants, des confidents devant la détresse de nos frères d’armes, les harkis’. (Paul TEIL, ancien de Cherchell)...
Capitaine de Réserve, me proposera-t-on la Légion d’honneur ? (Je ne me fais pas d’illusion, mais on peut rêver !). Si oui, je l’accepterai en hommage à tous ces soldats morts en Algérie, à tous ces ‘appelés’ qui ont donné une partie de leur jeunesse au service de la Patrie… Oui, je l’accepterai pour défendre l’honneur de tous ces valeureux et courageux soldats… Je l’accepterai pour rendre hommage aux harkis, à mes compagnons d’arme en Algérie.
Le 19 mars 2013
Anniversaire du cessez-le feu en Algérie
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Supplément: 24 juin 2013

Enfin une réponse 'positive' du Ministère de la défense.

Lettre du Lieutenant-colonel Michèle SZMYTKA

chef du centre des archives (CAPM) de Pau.

"En réponse à vos lettres... j'ai l'honneur de vous faire connaître que les recherches... ont permis d'identifier le chef de convoi ainsi que les soldats blessés lors de l'embuscade du 3 juillet 1961 près de Bounekache."

(Dossier-joint: extrait du registre).

Merci mon Colonel...
Après tant de réponses négatives de différents services de recherche de l'armée, votre réponse m'a comblé de joie. Merci!
Remerciez les personnes qui ont mené à bien ces recherches.

Mais je n'oublie pas la lettre du Général Olivier Paulus, chef du Service Historique de la Défense (SHD), datée du 21 août 2012, qui m'a indigné! '... pour la période demandée... aucune embuscade'
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Dernier épisode:
une histoire qui finit bien ! 
Le 14 juillet 2013, Pierre GEORGES reçoit
la Médaille Militaire.
C'est une grande joie pour nous deux.